Tous les ans, nous attendons avec impatience ce jour festif et plein de saveurs. La chandeleur est l’occasion de se réunir en famille autour d’une bonne assiette de crêpes et de partager un moment de complicité. Mais au fait, d’où vient cette tradition originale et pourquoi fait-on sauter les crêpes ?
Chandeleur: des révélations croustillantes sur les crêpes
Au sucre, au fromage râpé, à la confiture, au jambon, au chocolat, avec une bolée de cidre…les crêpes font partie des symboles français, et sont appréciées par tous les gourmands. La préparation de la pâte est d’une simplicité enfantine, et la cuisson presque toujours réussie. Mais savez-vous quelle est l’origine de cette fête qui éveille de bons souvenirs en chacun de nous ? Elle a lieu tous les 2 février, soit exactement 40 jours après Noël. En connaissez-vous la raison ? Pour pouvoir briller devant vos proches lors de la prochaine chandeleur, découvrez tout de suite ce dossier spécial sur la fête des crêpes ! Mais vous pouvez aussi vous entraîner à faire de la voltige avec votre poêle pour épater les plus jeunes. Quoi qu’il en soit, voici tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la chandeleur.
Petit rappel historique de la chandeleur
Avec toutes les fêtes du début d’année, les galettes des rois, le carnaval, et le carême, on se mélange un peu les pinceaux dans les faits historiques. Il est difficile de se rappeler des dates et de la signification de chaque événement tant ils sont nombreux à cette période. Voici donc une petite piqûre de rappel sur la chandeleur, qui devrait vous aider à y voir plus clair.
Une origine païenne
La Chandeleur était au départ une célébration païenne qui avait lieu dans les villages au début du mois de février. Tout comme les autres rituels annuels de ce genre, celui-ci célébrait un moment particulier en lien avec les saisons. Cette période correspond plus ou moins à l’entrée dans la fin de l’hiver et du grand froid. C’était donc le moment de se recueillir pour honorer la neige tombée, le repos du sol et des hommes avant de recommencer à semer, et la purification apportée par la fraîcheur et le blanc des flocons. Durant cette fête, les paysans envoyaient leurs prières aux divinités de la terre, et se réunissaient dans les champs avec leurs torches allumées pour symboliser le retour du soleil. Ainsi, ils faisaient une sorte de rituel pour purifier le sol et repartir sur de bonnes bases avant le printemps.
Évolution chrétienne de la chandeleur
Plus tard, une fois que le christianisme a fait son apparition au début de notre ère, les membres de l’Église ont conservé cette tradition en la modifiant un peu. Elle fut fixée à la date précise du 2 février, exactement 40 jours après la naissance de Jésus. C’est à ce moment que la légende raconte que la Sainte Vierge serait allée présenter son enfant au temple. Or, la période de 40 jours correspondait au laps de temps pendant lequel une femme qui venait d’accoucher ne pouvait pas entrer dans un lieu de culte. Les chrétiens ont donc mélangé les traditions ancestrales avec l’histoire de la Bible pour créer une fête populaire.
De plus, ils ont repris les flambeaux païens en les apportant dans les églises sous forme de chandelles. C’est de là que vient le nom « chandeleur ». La lumière du feu est en lien direct avec la notion de purification et de retour du soleil que l’on trouvait déjà bien avant. Mais en plus de cela, les chrétiens ont ajouté le symbole du Christ, qui est selon eux la lumière du monde. La tradition veut que les fidèles rapportent un cierge chez eux après la messe, afin de conserver une part de cet éclairage divin.
Certains confondent la chandeleur et mardi gras, car les crêpes sont présentes pour ces deux fêtes, et elles sont très rapprochées. Cependant, dans la tradition catholique, le mardi gras se célèbre à une date variable. Ce qui ne change pas, c’est qu’il tombe 47 jours avant Pâques, et marque le début du carême. Est-ce plus clair pour vous désormais ?
La chandeleur à la sauce moderne
De nos jours, les croyances autour des récoltes de blé et la ferveur catholique se sont fortement atténuées. On célèbre simplement un repas en famille, mais la star de l’assiette reste évidemment la crêpe. Elle est mangée à toutes les sauces, avec des accompagnements sucrés ou salés, selon le goût de chacun. Beaucoup d’entre nous ont aussi gardé le rituel de la pièce en or et du lancer de crêpe (plus ou moins réussi), pour avoir de la chance tout le reste de l’année. La chandeleur est donc devenue un moment convivial et gourmand, et a perdu de sa signification ancestrale. La preuve ? Vous êtes justement en train de lire cet article pour savoir d’où vient cette tradition !
Pourquoi mange-t-on des crêpes à la chandeleur?
Vous l’ignorez peut-être, mais la crêpe est un aliment hautement symbolique. Sous ses airs de disque plat et jaunâtre, elle cache en fait une métaphore liée à la météorologie, et devient même un talisman associé à de nombreuses superstitions. La crêpe n’a pas été choisie au hasard, c’est même tout le contraire. Pouvez-vous deviner ce qu’elle représente ?
De la farine pour les futures récoltes
Après un hiver rigoureux, il restait assez peu de nourriture dans les caves de nos ancêtres. Une des choses qu’il leur restait était la farine, dont le blé était récolté en été. Cet aliment de base était très utilisé et constituait la source principale d’énergie à l’époque. La recette des crêpes est très simple, elle ne nécessite qu’un peu de lait, de farine, et quelques œufs. Presque tout le monde était cultivateur ou éleveur pendant l’Antiquité, et possédait donc ces aliments basiques. On utilisait alors la précieuse farine de l’année écoulée pour s’assurer une bonne récolte aux prochaines moissons d’été. La simple galette prenait donc toute sa signification pour ces gens superstitieux à la vie simple.
Un petit soleil qui réchauffe les cœurs
Mais le symbole va encore plus loin, puisque la forme de la crêpe est également très importante. Si l’on y réfléchit bien, sa rondeur et sa couleur évoquent le soleil, vous ne trouvez pas ? Et c’est précisément l’enjeu crucial de cette période de l’année : les jours qui rallongent et la chaleur qui revient petit à petit. La crêpe était donc un léger avant-goût du printemps, et un rappel que des jours meilleurs allaient arriver très bientôt. Un petit coup de fouet au moral ne fait jamais de mal pour affronter les dernières semaines d’hiver qui semblent sans fin.
Saut de crêpe et grosse fortune
Au fil du temps les pratiques ont évolué, et un étrange petit rituel s’est vite propagé dans toutes les maisons : mettre une pièce en or au creux de sa main avant de faire sauter sa crêpe. Aujourd’hui, on trouve encore cette tradition dans de nombreux foyers, mais savez-vous qu’à l’époque on conservait toute l’année dans une armoire la première crêpe avec la pièce en or roulée dedans ? Cela était supposé apporter des richesses à toute la famille. En pratique, on se retrouvait avec une vieille crêpe desséchée ou moisie dans sa chambre. Pas très hygiénique comme tradition !
Célébration de la chandeleur à travers le monde
Il n’y a pas qu’en France que cette coutume perdure depuis des siècles. Les fêtes païennes et le christianisme se sont répandus dans toute l’Europe, et même au-delà. On retrouve la chandeleur dans les pays frontaliers comme la Belgique et la Suisse, mais également de l’autre côté de l’Atlantique. Nos cousins du Québec et de Louisiane ont emporté avec eux cette tradition populaire et la célèbrent toujours. Par contre, dans le reste de l’Amérique du Nord, la chandeleur a presque totalement disparu. En Amérique Centrale, les gens sont très croyants et ont leur propre version de la chandeleur adaptée aux ressources locales. C’est donc la farine de maïs qui est utilisée là-bas, et non pas la farine de blé.
Les souvenirs de la chandeleur ne s’oublient jamais
Je ne sais pas si vous êtes nostalgique de votre enfance et de cette fête de la chandeleur, mais moi oui. Chaque année, c’était ma grand-mère qui venait me chercher à l’école en ce jour si particulier. Je l’attendais impatiemment dès le lever du soleil, et trépignais sur ma chaise jusqu’à ce que la cloche sonne. Une fois sortie de la salle de classe, je courais parmi mes petits camarades en direction de celle qui allait illuminer ma journée. Ma grand-mère était toujours d’humeur joyeuse et adorait faire de la pâtisserie.
Arrivées à la maison, nous nous mettions immédiatement à la tâche. Je commençais par enfiler le petit tablier rouge qu’elle m’avait offert pour Noël, et nous sortions tous les ingrédients. Elle me laissait rarement casser les œufs dans le puits de farine, de peur que mes petits doigts encore peu agiles ne brisent en mille morceaux les coquilles. En revanche, j’avais ensuite le droit de remuer le mélange, armée de ma fourchette. Puis quand la texture lui convenait, elle ajoutait un peu de lait, de sucre, et d’amour, pour obtenir une pâte parfaite.
Elle n’a d’ailleurs jamais pu m’écrire sa recette, car ma grand-mère cuisinait toujours de manière intuitive, grâce à sa longue expérience. Ensuite, il fallait laisser reposer la préparation environ une heure. C’est justement pendant qu’elle avait le dos tourné que j’en profitais pour dévorer goulûment quelques cuillerées de pâte. Cela m’a d’ailleurs valu quelques surprises intestinales plutôt désagréables !
Quand tout était enfin prêt, elle sortait la poêle réservée à la cuisson des crêpes, et mettait sur la table de délicieux accompagnements. Sucre de canne, miel, confiture, pâte à tartiner, morceaux de fruits… je salivais avant même que le beurre n’ait fondu dans la crêpière. Mais il me fallait attendre encore quelques minutes, le temps que ma bien-aimée grand-mère verse une bonne louche de pâte dans la poêle. Et même si la première crêpe était toujours biscornue, ça a toujours été ma préférée. Elle sortait ensuite un Louis d’or de sa pochette élégante, et le plaçait dans ma paume. Puis, elle me soulevait d’une main, et tenait le manche avec moi de l’autre. Nous faisions ainsi sauter la première crêpe de la chandeleur en riant aux éclats.
Et enfin, c’était le moment de la dégustation. Je choisissais méticuleusement la garniture de ma crêpe avant de la rouler sans me salir les doigts. Je fermais les yeux en sentant mes narines frétiller, et je croquais à pleines dents cette petite merveille tiède et sucrée que j’avais attendue si longtemps. Un pur moment de bonheur. C’était d’ailleurs difficile de s’arrêter, et je finissais souvent affalée sur ma chaise, totalement repue, avec les doigts collants, la bouche barbouillée, et un grand sourire aux lèvres. Je n’aurais échangé ce moment de complicité avec ma grand-mère adorée pour rien au monde. Et vous, avez-vous aussi des souvenirs de chandeleur avec vos proches ?
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