Grand-mère
Comme un arbre plissé par de trop longs hivers
Tu attends l’arrivée d’une ondée printanière
Tu regardes les ombres envahir la poussière
De ton vieux buffet sombre qui dévore ta lumière
Et sur ce doux fauteuil qui berce ta vieillesse
Tu trembles comme la feuille que le matin caresse
Sans jamais disparaître derrière tes grands carreaux
Tu fermes ta fenêtre qui pleure à pleins rideaux
Grand-mère
Habituée au vide qui annonce la fin
Tu regardes les rides fleurir dans tes mains
Et tes doigts craquelant montrent le passé
Tu cherches tes vingt ans sur le calendrier
Le soir quand tu te lèves pour aller te coucher
Tu accroches à tes rêves tes nombreuses années
Puis tu souffles la flamme de ton dernier amour
Qui sommeille en ton âme et t’endors pour toujours
Grand -mère
Et tous ces gens qui t’aiment habiller de semblant
Tu écrases de chrysanthèmes en pleurant leur argent
Ils n’ont plus que leurs yeux pour mieux s’apercevoir
Qu’un jour ils seront vieux et qu’il sera trop tard
N’ayez plus qu’à prier pour l’ondée printanière
Grand-mère
Bruno M.